La Forêt Celtique
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 Un conte vosgien

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Marlac
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Marlac


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MessageSujet: Un conte vosgien   Un conte vosgien Empty3/2/2006, 00:51

Conte vosgien de source meusienne, traduit du patois par Henri Labourasse.
Source : Légendes lorraines de mémoire celte – Roger Wadier


Il y avait une fois un vieil homme qui veillait la souche ( la bûche ) de Noël tout seul. Sa femme était morte et ses deux filles étaient mariées, une à Brancourt, et la plus jeune à Trampot. Il était là devant son petit feu de racines, avec une grosse bûche noueuse par derrière. C'était justement un dimanche. Il était bien triste, le pauvre Jean-Louis! Il songeait à l'année dernière alors que sa femme, la pauvre Nânon (Anne), qui vivait encore, lui avait fait des gaufres et du boudin pour le réveillon. Et le voilà tout seul, dans sa petite maison, un soir où tous les autres chantent et s'amusent.
Et il se mit à pleurer en songeant à sa défunte. Pourtant il essuya ses yeux, alluma sa lampe qui pendait à un clou, plaça sa table, et mit dessus du pain moisi, un pied de porc qu'il avait fait cuire la veille, du fromage et une bouteille de piquette entamée. Il voulait faire la fête comme les autres en attendant la messe de minuit.
Il se coupa du pain et se mit à manger son pied de porc avec ses doigts. Il avait eu la précaution de fermer la porte en dedans pour que personne ne vînt voir ce qu'il faisait.
Il venait de boire un coup, lorsqu'il entendit frapper à sa porte avec le bout d'un bâton. Il ne fit semblant de rien, pensant que c'étaient des enfants, quand il entendit frapper un second coup. Il se leva, alla derrière la porte et cria: « Qui est là ? - C'est moi, lui répondit-on. - Qui, vous?
- Encore une fois, c'est moi,. ouvrez-moi la porte, car je suis fatigué, j'ai froid et je suis trempé comme une soupe. - Nommez-vous, s'il vous plaît. - Ouvrez toujours, ou vous allez voir! » Jean-Louis, qui n'était
pas poltron, tira le verrou, leva la clenche et ouvrit la porte tout doucement. Il laissa entrer un petit homme bossu, bigle et boîteux, qui avait une veste rouge comme celle d'un sottré (un follet), et un bonnet rouge sur
des cheveux tout noirs. Il lui sembla voir deux petites cornes qui passaient sous son bonnet. Il ferma bien vite la porte, et l'homme s'approcha du feu, s'assit sur une selle, et mit son bâton près des cendres. Jean-Louis se remit à table,. le bossu prit le crochet pour attiser le feu, puis il le souffla avec sa bouche ; et voilà que les racines et la souche se mirent à flamber tellement que cela faisait peur ! Jean-Louis, tout interloqué, ne disait rien, ne mangeait plus, et regardait le petit follet. Il pensait que c'était le diable et il avait envie de lui tordre le cou. Mais l'homme lui dit: « Mangez donc, que ma présence ne vous empêche pas, car tout à l'heure j'aurai besoin de vous. – Pour quoi faire ? dit Jean-Louis. - Mangez toujours, lui répondit le sottré, je vous le dirai quand vous aurez fini. - Voulez-vous boire un coup en attendant ? lui dit encore Jean-Louis. - Je ne refuse pas, dit le boîteux ,. donnez-
moi un verre de votre piquette avec beaucoup d'eau. Je prendrai même un peu de votre pain. - C'est qu'il est bien moisi, reprit Jean-Louis. - C'est égal. - Faites-donc comme si vous étiez chez vous, lui dit Jean-Louis qui ne se pressait pas plus de manger pour cela . Il alla même chercher dans un vieux panier quelques noix qui y étaient restées, et les cassa tranquillement après avoir fini de manger son fromage. Puis, se tournant carrément du côté de l'homme, il lui dit: « Que me voulez – vous ? ». Et il regardait en clignant de l'œil, sa serpe qui était pendue
près de la boîte au sel. « Je vais à Chermisey, dit le sottré " il fait noir ; je ne connais pas le chemin " il faut que vous m 'y conduisiez. - Moi! s'écria Jean-Louis, à mon âge, par un pareil temps et un jour comme aujourd'hui!
- Oui, répartit l'homme, et tout de suite, encore !
Je suis déjà en retard, il faut que j'y arrive pour minuit. Mettez vos souliers et hâtez-vous ». Jean-Louis voulait rester là et mettre dehors le sottré à coups de pied dans le derrière. Mais voici bien une autre affaire! Ses souliers se mirent seuls à se pieds, et son bâton vint se planter tout droit devant lui. Puis la lampe se souffla, son feu s'éteignit, sa porte s'ouvrit tout à coup, il fut dans la rue sans savoir comment il s'y trouvait, et ses jambes allaient comme malgré lui.
Le bossu lui dit: « Conduisez-moi à Chermisey. Prenons le chemin de Marotte pour passer près du four à chaux " de là nous irons aux Grandes-Friches et puis nous longerons le Petit-Bois. - Vous voyez bien, menteur; dit Jean-Louis, que vous connaissez aussi bien que moi le chemin de Chermisey ! Je vous plante là et je m'en retourne.
- Je ne connais bien le chemin que jusqu'au Petit-Bois, dit le sottré, et puis j'aime bien la compagnie. Ne tentez pas de vous en aller; et prenez garde! » Et ses yeux luisaient comme deux chandelles.
Les voilà donc partis. Il faisait noir comme dans un four; mais la pluie
ne tombait plus. Quand ils passèrent près de l'église, Jean-Louis fit un signe de croix et voulut y entrer prendre de l'eau bénite. Mais le follet le poussa par le dos et faillit le faire tomber dans la boue. Neuf heures sonnaient comme ils sortaient du village. Ils marchaient doucement en montant Marotte, mais quand ils furent en lieu plat, ils allèrent plus vite. Aux grandes-Friches, le boîteux soufflait comme un bœuf et Jean-Louis voyait comme des étincelles qui lui sortaient par la bouche et par les oreilles. A sa place, moi et vous nous aurions eu peur; mais lui
ne faisait semblant de rien. Après quelques instants, ils arrivèrent près du Petit-Bois. Le soumit s'arrêta, descendit dans le fossé, s'assit sur la berge et se mit à ôter ses brodequins qu'il remit à Jean-Louis. Celui-ci le regardait faire, quand il le vit devenir tout petit, tout petit, comme un enfant de trois ou quatre ans. Il remonta
la berge et se remit en chemin pieds nus comme s'il eût été chaussé. C'est alors que j'aurais eu peur! Et vous aussi, n'est-ce pas? Mais Jean-louis, qui était allé partout, et bien ailleurs, comme il le disait, était aussi tranquille que dans son lit. Voilà que, dans l'obscurité, à la cime d'un gros hêtre, la chouette se mit à crier !: Jean-Louis n'aimait pas les chouettes.. il n 'y a que cela qui lui fasse peur !: Il s'arrêta soudain et se mit à trembler. Le bossu lui dit.. « Vous avez peur? - Non, dit Jean-Louis, j'ai froid. - Attendez, dit encore le sottré, je vais vous apporter
l'oiseau qui vous effraye ». Et de tout petit qu'il était, il devint si grand qu'on ne voyait presque plus sa tête dans les nuages. Ses yeux brillaient comme des chandelles. Il enjamba le fossé, s'enfonça dans le taillis, prit la chouette sur son arbre et l'apporta dans sa main. Il dit à Jean-Louis.. « Que faut-il que j'en fasse? - Tordez-lui le cou! répondit Jean-Louis. - Non, répondit le sottré, je vais la mettre dans la poche de mon gilet ». La chouette n'était alors pas plus grosse qu'un chardonneret, et le bossu redevint comme il était lorsqu'il avait quitté Vouthon. Mais comme l'obscurité était toujours profonde, Jean-Louis ne vit pas s'il était toujours bigle, bossu et boîteux. Si le follet avait conservé sa haute stature, il lui eut suffi de faire trois enjambées pour arriver à Chermisey, et le moulin à vent aurait bien passé entre ses jambes. Ils descendirent ainsi jusqu'à la combe Humbet. La lune se montrait à peine quand le sottré remit ses brodequins à ses pieds et dit à Jean-louis: « Vous êtes fatigué et moi aussi, comme il n'est pas encore tard et que j'ai bien le temps d' arriver; il faut que je vous montre quelque chose que vous n'avez encore jamais vu de votre vie ». Il planta son bâton près d'un sentier; et le bâton devint un arbre de plus de quinze pieds de haut, ayant des branches, mais point de feuilles, parce qu'on était en hiver: Le pauvre habitant de Vouthon aurait bien voulu être chez lui en ce moment! Le follet le prit par la main et le conduisit derrière une grosse cépée de charme. Il siffla trois fois, et Jean-Louis vit une sorte de cave qui s'enfonçait dans le sol. Ils s'engagèrent tous deux dans un long couloir dont la pente était assez rapide. Dans un coin, près d'un petit feu de racines sèches, ils virent une vieille sorcière qui faisait semblant de tricoter: elle avait plus de mille ans avec ses rides, ses cheveux blancs et son nez crochu. Le sottré lui parla à l'oreille et se remit à descendre. Après quelques instants ils arrivèrent dans un cabinet borgne, éclairé par une faible lumière. Le sottré ouvrit une porte qui donnait dans une autre chambre où l'on faisait beaucoup de bruit. Jean-Louis fut un peu ébloui par une sorte de soleil qui était sous le plafond, mais il vit bientôt des gens plein cette chambre, autour d'une grande table, qui chantaient et buvaient. Il y avait plus d'hommes que de femmes, mais il n'y vit point d'enfants. Les hommes faisaient peur: les uns avaient des groins de porc, et d'autres des mufles de chien ou des oreilles d'âne. Tous avaient sur la tête des bonnets noirs cornus avec une houppe rouge au sommet. Les femmes étaient toutes vieilles comme Mathusalem, et leurs cheveux blancs tombaient sur leurs poitrines. Quand ils les virent entrer; ils se turent, se levèrent vivement, et une grande femme sèche apporta à Jean-Louis, pour qu'il trinquât avec eux, un verre plein de vin et un petit morceau de galette. Il but la moitié de son verre et mordit dans la galette, mais il crut bien avoir avalé du feu. Le sottré dit: « Droc ! drac ! dric la manique! » et Jean-Louis ne vit ni n'entendit plus rien. L'homme le fit passer dans un grand nombre de belles chambres où il n 'y avait personne, et ils arrivèrent dans la dernière, toute pleine de pièces d'or et d'argent. Le sottré dit à Jean-Louis: « Prenez-en ce que vous en voudrez ». Jean-Louis ne se le fit pas dire deux fois, et mit des louis d'or plein ses poches. Puis ils remontèrent près du bois de Vaudeville et trouvèrent la chouette qui les attendait sur un buisson d'érable. Le sottré dit alors à Jean-Louis: « Retourne chez toi ». Il cria: « Loup! Loup! » et la chouette devint grosse comme un veau; elle prit Jean-Louis entre ses pattes, et deux minutes après, il était sur le cimetière de Vouthon, lorsque la messe de minuit commençait à peine. Il entra tout aussitôt dans l'église, dit tranquillement ses prières et sortit
avec les autres fidèles. Il tâta bien des fois dans ses poches pour s'assurer si son argent y était toujours, et songeait à l'usage qu'il en ferait bien. En sortant de la messe il prit de l'eau bénite, fit le signe de la croix et mit sa main dans sa poche, mais les louis d'or du sottré se changèrent en petites pierres noires. Il fut tout ébahi, mais n'eut pas beaucoup de chagrin de cette métamorphose. Voici bien une autre merveille! En rentrant chez lui, il trouva un bon feu d'écailles, une table bien propre, avec deux bouteilles de bon vin, du pain tendre, six gaufres encore chaudes, un petit pot de mannelade et une aune de boudin qui grillait sur le brasier ! Et il crut entendre les anges qui chantaient à sa fenêtre: Gloria in excelsis Deo ! Il commença par goûter à tout, dans la crainte d'un nouveau tour du sottré, mais quand il se fut assuré que tout était bon, il courut chercher Colin Maquart, son voisin, qui était veuf comme lui, et ils firent le réveillon en parlant du temps passé. Jean-Louis ne dit rien à Colin Maquart de ce qui lui était arrivé. Peut-être bien qu'il avait tout bonnement rêvé ce que je viens de vous raconter
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MessageSujet: Re: Un conte vosgien   Un conte vosgien Empty3/2/2006, 08:39

Belle histoire... santa
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MessageSujet: Re: Un conte vosgien   Un conte vosgien Empty3/2/2006, 11:50

oui, très mignonne cette histoire! fleur
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