La Forêt Celtique
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 A lire sur place, un entretien avec Jean Markale.

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Patty
Invité




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MessageSujet: A lire sur place, un entretien avec Jean Markale.   A lire sur place, un entretien avec Jean Markale. Empty11/1/2006, 22:38

Entretien avec Jean Markale (il date un peu mais il est malgré tout intéressant)

Mi-breton mi-irlandais, il avait une grand-mère près de la forêt de Brocéliande, qui lui contait d'étranges légendes. Rien d'étonnant à ce qu'il écrive aujourd'hui sa quête du Graal après avoir exploré les arcanes de la civilisation celte.


    Lire. Après avoir abondamment donné dans l'histoire des Celtes et de la société celte, vous vous êtes engagé dans la réécriture du cycle du Graal dont le cinquième tome, ou plutôt la cinquième époque, intitulée Gauvain et les chemins d'Avalon, vient de sortir. A quand remonte cette passion? Très loin sans doute?
    Jean Markale. Breton et irlandais d'origine, élevé par une grand-mère bretonne qui me racontait d'étranges légendes, passant mes vacances en bordure de la forêt de Brocéliande, je serais tenté de dire que cette passion m'est venue tout naturellement. En classe de troisième, j'ai fait la rencontre d'un jeune professeur, Jean Hani, fou de poésie moderne et de littérature médiévale, notamment des romans de la Table ronde.

    Il fut dans ma formation un élément déterminant comme le sera, à 17 ans, la rencontre avec un prêtre qui habitait à Tréhorenteuc, en pleine forêt de Brocéliande, et que fascinaient également les légendes locales au point qu'il décora son église de scènes tirées du cycle du Graal. Plus tard, enseignant les lettres, j'ai cherché à mon tour à faire partager mon émerveillement.

    Pourquoi avoir voulu reprendre la légende du Graal alors que vous étiez connu jusque-là comme historien avant tout?
    Sans doute parce que, après avoir fouillé pendant quarante ans dans les livres et les manuscrits pour expliquer ces légendes et tenter d'éclairer les rapports entre l'histoire sur laquelle elles sont bâties et les mythes qu'elles véhiculent (Le roi Arthur et la société celtique, La Femme celte, Lancelot et la chevalerie arthurienne, Merlin l'Enchanteur, L'Amour courtois ou le couple infernal, etc.), j'ai été saisi par la frustration de ne pouvoir raconter des contes dont je décortiquais le sens. Cela dit, mon entreprise n'est possible maintenant que parce que j'ai fait ce long travail de préparation. Voilà six ans à peine que je suis à temps plein sur le cycle du Graal, mais il y a quarante ans que je mûris le projet.

    Quelle est la modernité du mythe du Graal? Que peuvent nous dire encore ces légendes en cette fin de XXe siècle?
    Plus qu'on ne le croirait de prime abord. Je vous rappelle, comme un clin d'oil, ce trait bien de chez nous qui consiste, chaque fois qu'on est confronté à une difficulté, à organiser une table ronde! Mais passons. Le Graal, qu'est-ce que c'est de nos jours? Ne dit-on pas dans le langage courant, en cette fin de civilisation que nous vivons et à la veille d'une autre pour laquelle nous cherchons de nouvelles valeurs, que nous sommes en quête de notre Graal?

    Au fond, le Graal renvoie à ce désir profond de l'homme d'aujourd'hui de trouver une justification à son existence. Prisonnier de ses fantasmes et de ses habitudes, il se projette dans le destin de ces chevaliers confrontés à des épreuves au bout desquelles ils se réalisent et toujours inspirés par ce sens aigu de la responsabilité collective. S'il en est un qui est vaincu, blessé ou humilié, il s'en trouve un autre qui aussitôt va le venger. C'est là un message qui a une résonance d'une grande actualité pour une société aussi fonctionnarisée que la nôtre, où la responsabilité se dilue à tous les niveaux.

    En quoi peut-on se reconnaître dans un personnage comme Lancelot?
    Je vous répondrai par une expérience que j'ai vécue il y a quelques années à Rennes. J'avais fait avec ma femme une animation théâtrale dans les écoles de la ville en prenant Lancelot comme thème central. La règle consistait à faire jouer par les élèves des rôles dans une adaptation de leur propre cru. Ainsi y avait-il autant de Lancelot qu'il y avait d'adaptations et, bien sûr, c'était à qui serait le chevalier amoureux de Guenièvre. Les enfants ont été très sensibles à la légende qui veut que Lancelot ne connût son nom et ses origines qu'après avoir accompli bon nombre d'exploits. Et à travers ce personnage auquel ils s'identifiaient, ils prenaient conscience qu'eux aussi ne découvriraient leur personnalité, leur moi profond, que lorsqu'ils auraient fait la preuve de leurs capacités.

    Et Gauvain, le héros du dernier tome paru de votre cycle du Graal, qui est-il? Comment le définiriez-vous par rapport à un Lancelot?
    Gauvain, neveu et héritier présomptif d'Arthur, est toujours négligé par rapport à Lancelot. Il incarne pourtant une grande et belle figure, celle de l'ancien guerrier celtique qui puise son énergie dans la féminité. Sa force s'accroît au fur et à mesure que le soleil s'approche de son zénith et il atteint sa plénitude au milieu de la journée. Or, dans la tradition celtique et germanique, le soleil, qui est du genre féminin, est associé à la femme dispensatrice, métaphoriquement parlant, de rayons lumineux. Gauvain est séduit par toutes celles qu'il rencontre et se trouve entraîné dans un cycle sans fin d'amours successives et passionnées.

    Le jeune homme a de l'appétit. Mais ce n'est pas lui, pour autant, qui mettra la main sur le Graal!
    Non, et d'ailleurs, devant une vitalité aussi débordante qu'elle ne peut guère approuver, la morale chrétienne trouve son compte. Pour s'être trop égaré, Gauvain n'ira pas jusqu'au bout de ses exploits. C'est pourquoi j'ai intitulé ce cinquième tome Gauvain et les chemins d'Avalon. Il est bien sûr la voie qui mène au Graal, mais c'est Galaad, le fils de Lancelot, qui achèvera victorieusement ce long parcours initiatique. Lancelot lui-même ne pouvait y parvenir, tant sa passion exclusive pour Guenièvre passait mal aux yeux de l'Eglise. Dans une première version, Perceval, qui sera le héros du sixième tome de mon cycle, était le roi du Graal mais lui aussi finit par paraître trop peu sûr et trop païen pour une Eglise - nous sommes au XIIIe siècle - en plein renouveau théologique. Galaad fera mieux l'affaire.

    Venons-en à votre travail proprement dit. Votre cycle du Graal, dites-vous, n'est ni une traduction ni une adaptation, mais une réécriture. Qu'entendez-vous par là?
    Ce n'est pas une traduction par laquelle j'aurais été tenu de respecter à la lettre le texte d'origine. Ce n'est pas non plus une adaptation car je ne me suis pas contenté de raconter d'après les légendes. Des légendes, au demeurant, il y en a une multiplicité et certaines se contredisent. Pour l'une, Merlin est un roi devenu fou au cours d'une bataille et qui se serait mué en un devin inspiré par les dieux. Pour une autre, il est le fils du diable et d'une sainte femme.

    Mon entreprise, qui s'achèvera au huitième tome avec La mort du roi Arthur, a consisté à faire la synthèse de toutes ces versions et de les retranscrire dans un langage actuel d'où j'ai éliminé tous les médiévismes qui encombrent souvent les adaptations, si bonnes soient-elles. Après tout, lorsque Chrétien de Troyes a écrit son cycle du Graal, il a repris des légendes déjà fort anciennes en les mettant au goût du jour, c'est-à-dire en style «courtois».

    Le Graal est donc ce vase précieux qui contenait le sang du Christ. Mais quelle est l'histoire de ce mythe?
    Le mythe n'apparaît qu'au XIIe siècle et résulte du croisement de deux thèmes. Un thème celtique qui est le chaudron inépuisable dans lequel bout une nourriture éternelle et qui a le pouvoir de ressusciter les morts. Un thème chrétien mais tiré des gnostiques et des Evangiles apocryphes, notamment des Actes de Pilate et de l'Evangile de Nicodème. Au pied de la croix, Joseph d'Arimathie aurait recueilli le sang du Christ dans un vase qu'il aurait mis à l'abri quelque part dans les îles Britanniques, l'énigmatique île d'Avalon étant le lieu où se trouverait le précieux dépôt. Il n'est pas indifférent d'observer que le mythe du Graal apparaît - au tournant du XIIe et du XIIIe siècle - au moment où l'Eglise est engagée dans une profonde réflexion autour de la transsubstantiation, autrement dit autour de la présence réelle du corps et du sang du Christ dans le pain et le vin. De là à penser qu'elle a trouvé profit dans la résurgence de ces vieilles légendes et que le cycle du Graal n'est, au bout du compte, qu'une ouvre littéraire détournée à des fins dogmatiques... pourquoi pas?

    Vous vous êtes également intéressé aux Cathares et aux Templiers. En quoi cette inclination pour les sociétés secrètes rejoint-elle votre goût pour les Celtes?
    Tout se tient en fait. On a beaucoup associé le Graal et Montségur et, si l'on suit la version allemande de Wolframm von Aeschenbach, le château du Graal et le repaire des Cathares ne font qu'un, ce que je conteste. Mais j'ai vu sur place des touristes prendre des mesures le plus sérieusement du monde et tenter de découvrir le fameux trésor. Chez les Templiers, le mythe de la tête coupée est très présent dans une version galloise de la Table ronde. Le Graal y est représenté sous la forme d'un plateau sur lequel repose une tête tranchée. Est-ce un souvenir de la décapitation de Jean-Baptiste?

    Le succès de vos livres le démontre à l'envi: le monde celtique, longtemps confiné à des cercles d'initiés, est devenu un objet d'intérêt qui transgresse les frontières. A quoi attribuez-vous ce phénomène? Et de quand le datez-vous?
    La tradition celtique, tradition européenne et chrétienne, a souffert de la domination exercée par la culture grecque et latine. Puis, insensiblement, les universitaires s'y sont intéressés en étudiant les nationalismes breton, gallois et irlandais, mais jusqu'à l'entre-deux-guerres, les traductions et les commentaires n'étaient guère lus au-delà d'une certaine élite. Ce n'est que lorsqu'on a commencé de s'intéresser à des cultures marginales à l'initiative du surréalisme (rappelons-nous la fureur pour l'art nègre) que l'on a pris conscience que nous avions aussi chez nous des traditions méconnues, occultées par le poids d'une indifférence séculaire. C'est ainsi que l'on a redécouvert les Celtes. Ce qui n'empêche pas que l'on continue de proclamer que la France est un pays latin.

    Certes, nous parlons une langue latine, mais nous comptons dans notre patrimoine intellectuel d'autres richesses dont nous sommes redevables, entre autres, à la tradition celtique. Et les Allemands et les Américains ne sont pas les derniers à revendiquer cet héritage. Il n'est que de les voir aujourd'hui folâtrer dans la forêt de Brocéliande où, étant enfant, je ne voyais que très peu de monde, hormis quelques bourgeois de Rennes venus s'imprégner des mystères de la Table ronde.


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Marlac
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MessageSujet: Re: A lire sur place, un entretien avec Jean Markale.   A lire sur place, un entretien avec Jean Markale. Empty11/1/2006, 23:24

Jean Markale, on en a parlé il y a quelques jours dans la hutte des bavards il me semble !
Vu le volume de sa production bibliographique, c' est un trés bon auteur pour celui qui aime le roman historique version 100% celtique, mais je crois qu' il faut l' éviter en tant qu' historien !
Il a trop tendance à prendre ses désirs pour des réalités !
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Mad
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MessageSujet: Re: A lire sur place, un entretien avec Jean Markale.   A lire sur place, un entretien avec Jean Markale. Empty12/1/2006, 14:50

c'est vrai qu'il met un peu les choses à sa sauce, mais je trouve qu'il est quand même bien agréable à lire... parce que des fois, lire un truc sur la mythologie celtique, soi compliquée et tarabiscotée, ça va 5 inutes mais au boiut d'un moment on ne suit plus rien...
alors que là, bon, c'est romancé, mais par exemple La grande épopée des Celtes; c'est lisible, et pas seulement une page à la fois Wink
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Lucterios
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MessageSujet: Re: A lire sur place, un entretien avec Jean Markale.   A lire sur place, un entretien avec Jean Markale. Empty12/1/2006, 15:28

Jean Markale est un bon écrivain, qui connaît la littérature celtique et qui en a fait son fond de commerce, mais...
Comme historien ou comme enquêteur, il ne vaut pas une bille. Il est plein d'a priori sur l'histoire, lesquels sont des anachronismes grossiers. Il fait parfois des contresens monstrueux quand il traduit un texte latin et reprend en gros tout un tas de vieilles légendes sur le druidisme, absolument invérifiables, dont il tire des spéculations douteuses...

Je m'étais amusé une fois à relever les énormités dans son livre sur le Triangle des Bermudes, que j'apprécie par ailleurs, parce qu'il resitue la légende dans le contexte plus large des navigations mythologiques des Anciens. C'était assez amusant !
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MessageSujet: Re: A lire sur place, un entretien avec Jean Markale.   A lire sur place, un entretien avec Jean Markale. Empty12/1/2006, 15:30

j'étais sûre que ça t'intéresserait, Lucterios! Mr.Red Wink
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Cogan
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MessageSujet: Re: A lire sur place, un entretien avec Jean Markale.   A lire sur place, un entretien avec Jean Markale. Empty8/2/2006, 15:02

Ce qu'on dit sur lui est excessif! Qu'il soit vulgarisateur oui c'est vrai et alors?
Certains de ses livres font autorité en Histoire Ancienne, ils sont à la Bibliothèque Universitaire de mon ancienne fac d'ailleurs:
La Civilisation Celtique, La Femme Celte...
Pour l'avoir rencontré plusieurs fois il est génial et ne pretend pas tout savoir ni même être un historien. Il a ecrit des trucs ininteressants c'est certain mais bon, un celtisant qui ne lirait pas Markale serait un sectaire pedant. C'est sûr, vaut mieux se la péter en lisant Guyonvarch et ne rien y comprendre tant c'est prise de tête!
Et puis au moins Markale est politiquement clean lui!
Cogan
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