Epona
Déesse-Mère, sous les trait de la jument.
Dans la statuaire gallo-romaine, Epona apparaît sous les traits d'une jeune femme aux cheuveux lo,gs, montée en amazone sur un cheval. Dans les figurations plus anciennes, seule la jument et son poulain sont attestés. On ne connaît pas les attributions exactes de cette déesse, proche de la Rigantona des pays bretons. Selon la légende, la cavale de nuit a rapport avec la mort, bien que le poulain contredise cette interprétation.
D'après un article de la revue "Histoire Antique", par Patrice Lajoye (N° 9, juin/juillet 2003)
Ce n'est qu'en 1483 que L. Lersch, un Allemand, prend conscience que la déesse Epona n'est pas latine mais celte. En effet, la répartition des inscriptions qui lui sont consacrées ont été trouvées en majorité sur des territoires celtes et seulement quelques-unes à Rome. Epona est donc une divinité étrangère assimilée par Rome tout comme Mithra ou Cybèle. Si les inscriptions sont assez rares (63 connues), les représentations d'Epona sont en revanche nombreuses, on en retrouve dans toute la partie nord du bassin méditerranéen (de la Grèce à l'Espagne en passant par la Dacie, la Norique, la Germanie, la Gaule, la Grande-Bretagne...).
Mais comment une déesse aussi modeste dans son panthéon d'origine a t-elle pu s'introduire dans Rome?
A partir de la conquête de la Gaule par les Romains, des Gaulois ont été incorporés dans les troupes auxiliaires de l'armée romaine. Ces Gaulois, excellents cavaliers, ont donc introduit leur déesse fétiche dans toutes les provinces parcourues par leurs légions. Mais le culte d'Epona ne semble pas avoir été introduit à Rome par l'intermédiaire de la Gaule mais par les territoires celtes orientaux. En effet, en Gaule, Epona est représentée en cavalière alors que dans les provinces du Danube on la voit assise sur un trône, un tabouret sous les pieds, encadrée par deux ou quatre chevaux. Or, c'est cette dernière représentation que l'on trouve à Rome, notamment dans les casernes du Latran abritant les cavaliers barbares composant la garde de l'Empereur et recrutés généralement en Rhétie, Germanie, Pannonie, Norique.
Epona a donc été adorée surtout par des militaires, son culte se localise souvent dans des écuries où l'on place sa statue en bronze ou en céramique ou encore son portrait peint. Ces représentations sont le plus souvent assez petites et modestes et attestent un culte humble et populaire. Quelques autels dédiés à Epona et un calendrier permettent de penser que des fêtes locales, aux dates variables selon les régions, lui étaient consacrées.
Epona, seulement une déesse des chevaux?
Beaucoup de monuments représentent Epona tenant une corne d'abondance ou un panier de fruits. Ses attributs et sa longue robe la rapprochent aussi des déesses mères gauloises.
Certains lui ont aussi donné un rôle en rapport avec la mort, elle serait l'accompagnatrice des âmes. En effet, le cheval est souvent considéré comme l'introducteur de l'âme du défunt dans l'au-delà.
Epona va disparaître avec le triomphe du christianisme. St Eloi, patron des forgerons, deviendra le protecteur des chevaux. On peut aussi revoir une survivance d'Epona sur les chapiteaux romans représentant la "Fuite en Egypte" : la vierge y est représentée à cheval, en amazone, un tabouret sous les pieds, tout comme l'Epona gauloise.
Les auteurs antiques citant Epona : Plutarque, Juvénal, Apulée, Minucius Felix, Tertullien, Prudence, Fulgence.
Sources :
Dictionnaire illustré des mythologies, Myriam Philibert , Editions de lodi
http://jfbradu.free.fr/celtes/les-celtes/cadre-religion-celte.htm