Lais féeriques des XIIèmes et XIIIèmes siècles, ed. Flammarion
Traduit par de l'ancien français Alexandre Micha
A l'origine, les lais sont des compositions musicales exécutées sur la harpe ou la rote et relatant une aventure, un évènement plus ou moins merveilleux. De cette partition musicale s'est peu à peu détaché le texte pour donner un genre narratif. Ces oeuvres sont anonymes.
ISBN : 2-08-070672-1
EAN : 9782080706720
Date de parution : 01.01.1992
Disponible
Prix : 9,30 €
Format : 11 x 18 cm / 347 pp.
Extrait :
.../ Quand Guingamor mit pied à terre, il vit les dix chevaliers de son pays, les chasseurs du sanglier qu'on croyait perdus.
Tous se levèrent en sa présence, le saluèrent dans la joie et Guingamor leur donna un baiser. Il eut cette nuit un confortable logis, des mets succulents en abondance, de nombreux divertissements sans vulgarité, des sons de harpes et de vielles, des chants de damoiseaux et de pucelles.
Il était émerveillé de toute cette noble et fastueuse beauté. Il avait l'intention de n'y rester que deux jours et de s'en aller le troisième pour retrouver son chien et son sanglier et pour faire savoir à son oncle l'aventure qu'il avait vécue; après quoi il reviendrait chez son amie. Il en fut tout autrement : il y resta trois cents ans. Le roi était mort, ainsi que les gens de sa maison et ceux de son lignage; les cités que Guingamor avait connues étaient détruites, en ruine. Guingamor demanda la permission de rentrer dans son pays, il pria son amie de lui rendre le chien et le sanglier. - Ami, fit-elle, vous les aurez, mais votre départ serait une folie : il y a trois cents ans révolus que vous avez été ici. Votre oncle et ses gens sont morts, vous n'avez plus amis ni parents. Il faut que je vous dise une chose : il n'est pas d'homme assez vieux pour pouvoir répondre quoi que ce soit à toutes vos questions. Dame, dit-il, je ne puis croire que tout cela soit vrai et si ce l'est, je m'en retournerai tout de suite et je reviendrai ici, je vous l'assure. - je vous avertis, dit-elle : quand vous aurez franchi la rivière pour revenir dans votre pays, ne buvez pas, ne mangez pas, si grande soit votre faim, jusqu'à votre retour ici ; vous seriez frappé d'un sortilège. /...