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 Yolande, la terrible comtesse de Bar.

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2 participants
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Marlac
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Marlac


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MessageSujet: Yolande, la terrible comtesse de Bar.   Yolande, la terrible comtesse de Bar. Empty6/12/2005, 20:52

Voici une légende que j’ ai sélectionnée parmi mes lectures et que j’ aimerais vous faire partager car je la trouve tout à fait conforme à ce que j’aime : Une part d’ Histoire vraie mélangée à une atmosphère mystérieuse et envoûtante. Tout cela agrémenté d’ un bon soupçon d’ humour !

Source : La Lorraine des légendes – Roger Maudhuy


Yolande, la terrible comtesse de Bar.

Vous le savez, surtout si vous avez lu les aventures d'Astérix, Cléopâtre avait un grand nez et un sale caractère. Ce fut aussi le cas d'une comtesse de Bar, Yolande, qui vivait au XIVe siècle. Elle a, écrit l' abbé Lallement, << laissé dans l' Argonne un souvenir de terreur et de cruauté inouïe. Le roi de France, Charles V, se vit obligé, par deux fois, de mettre sous les verrous cette indomptable femme : deux ans à Paris, dans la Tour du Temple et quinze mois à Sens, dans la Grosse Tour. >>
Quelque macho dirait que Yolande n'avait pas de mari pour la tenir: son mari, Henri IV de Bar, mourut en 1344, et sa veuve lui survécut cinquante ans, pendant lesquels ce ne furent qu'exactions et folies. À la fin de sa vie, elle tenta de se racheter par de tardives fondations. Ainsi, quelques semaines avant sa mort, elle dédia une fondation à sainte Anne dans une chapelle reconstruite en 1338 par son mari, à Clermont-en-Argonne, qui devint vite un grand centre de pèlerinage.
Une telle femme, avec une telle réputation, et une liste de crimes à décourager mille confesseurs, devait faire son entrée dans la tradition orale. Voici son histoire, revue et corrigée au rythme des veillées :
Yolande habitait un antique manoir entouré de forêts où des étangs poissonneux transformaient le paysage et lui donnaient un aspect enchanteur. Très jeune encore, Yolande avait perdu ses parents; son père était tombé, le cœur percé par une flèche, en conduisant ses hommes d'armes à l'assaut d' un bourg allemand; sa mère apprenant ce deuil si cruel était morte de douleur. Avant de mourir, la mère avait recommandé son enfant à Jehan Fortidomme, le fidèle intendant du château. Jehan était malheureusement trop timide et subissait plutôt les caprices de la jeune Yolande, alors qu'il aurait dû si souvent la reprendre et la corriger. Les défauts se développant avec les années, la jeune comtesse devint un monstre d'orgueil et de méchanceté. Tout le personnel du château, depuis le petit page jusqu'à Jehan lui-même, tremblait devant cette créature indomptée.
Cependant, la juste punition du Ciel ne devait pas se faire attendre.
La comtesse Yolande se promenant un jour le long de ses étangs, vit venir à elle une vieille femme à la figure toute ridée et flétrie, aux vêtements en lambeaux. La pauvresse marchait péniblement et ses mains, tremblantes comme la feuille au vent, s'appuyaient sur un bâton noueux. Humble et timide, elle s'approcha de la comtesse et lui demanda l'aumône.
- Passez votre chemin, lui dit-elle durement, je ne donne rien aux gens de votre espèce. Ne m'importunez pas davantage ou je vous fais jeter dans cet étang.
- Ah ! s' écria la vieille en se redressant tout à coup, mes génies ne m'avaient point trompée, en me disant combien tu es dure et sans pitié pour les faibles et pour les malheureux. Sois donc punie! Désormais, ton nez s' allongera d'un pouce, toutes les fois que tu commettras une injustice ou une mauvaise action.
Au bout d'un mois, le noble nez de la châtelaine était si long qu'il fallait deux valets pour le soutenir. Trois ans plus tard, les proportions de cet organe étaient telles que la compagnie d'archers n'était pas de trop pour aider la comtesse à le porter et à se mouvoir. A cause de ces dimensions extraordinaires, Yolande se vit même forcée d'habiter l'ancienne chapelle castrale afin de loger son nez dans le donjon et de reposer plus facilement pendant la nuit.
Ainsi donc, obligée de fuir le monde et ses plaisirs, la jeune comtesse redisait souvent à la nature son cuisant chagrin. Elle aimait en effet à se promener sur les rives de l'Aire ou de l'Aisne, dont les gracieux méandres découpaient son vaste domaine. Or, il advint que se trouvant au bord de la rivière, Yolande aperçut une mouche d'une forme étrange et d'une rare beauté qui s'efforçait d'éviter le naufrage en s'accrochant à un frêle roseau.
La pauvre mouche, épuisée par tant d'efforts, semblait bien prête à disparaître, entraînée par le courant ou happée lestement par un poisson avide.
Le croirait-on ? L'altière comtesse eut pour la petite mouche un sentiment de pitié. Elle fit diriger l'extrémité de son nez vers la pauvre bestiole qui s'y posa tout aussitôt. A la grande surprise de la comtesse et de ses serviteurs, le nez diminuait de longueur à mesure que la mouche se rapprochait du visage. Trois aunes même s'en détachèrent et tombèrent au fond de l'eau.
Puis la mouche reprit son vol, mais au même instant Yolande vit près d'elle la vieille mendiante qui l'avait si cruellement punie pour l'avoir repoussée.
- Toute bonne action mérite une récompense, lui dit-elle, aussi, pour la première fois que tu te montres compatissante, ton nez vient d' être raccourci rapidement. Il diminuera de même à chacune de tes bonnes actions, mais n' oublie pas qu'à la première injustice, l'effet contraire se produira, et ton nez s'allongera de nouveau.
Pendant deux années encore, la comtesse Yolande vit son nez tantôt s'allonger d'une aune, tantôt diminuer d'autant. Il reprit enfin ses dimensions normales, lorsque les bonnes actions l'emportèrent sur les mauvaises. La vieille mendiante de jadis lui apparut alors, mais cette fois sous les traits d'une fée élégante et gracieuse, vêtue de brocart. Elle félicita la comtesse d'être parvenue à vaincre ses instincts et lui fit promettre de persévérer dans ses nobles efforts. Puis, frappant le sol de sa baguette magique, un char merveilleux surgit de terre et emporta la fée dans un nuage embaumé vers les chênes touffus de la vieille forêt d'Argonne.
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Mad
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MessageSujet: Re: Yolande, la terrible comtesse de Bar.   Yolande, la terrible comtesse de Bar. Empty8/12/2005, 12:19

très belle cette légende! coeur merci Vulcun! bleu
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