{Roman} sans titre, premier chapitre du premier chapitre

CHAPITRE 1


1

L’histoire de Noah commença lors d’une apocalyptique journée d’été.
Ce matin-là, Hélène, sa mère, se rendit au travail, comme tous les jours, dans sa vieille deux-chevaux. Alors qu’elle venait d’arriver sur le parking de la société dans laquelle elle était femme de ménage et qu’elle s’extirpait de son vieil engin, elle fut soudain surprise par un éclair d’une luminosité aveuglante, suivi d’un grondement sourd et si fort que la terre en trembla. Tout cela ne dura que quelques secondes. Hélène regarda autour d’elle. Tout semblait normal. Le ciel était bleu et le soleil commençait déjà à réchauffer l’atmosphère matinale. Elle mit quelques minutes à se persuader que ce qui venait de se produire n’était rien de plus qu’un caprice du climat estival et se dirigea enfin vers la porte de service du gros bâtiment après avoir verrouillé sa voiture d’une main encore tremblante.
Mais elle n’eut le temps de faire que quelques pas avant d’apercevoir un objet venu du ciel qui vint s’écraser à ses pieds avec fracas et la projeta à plusieurs dizaines de mètres de là par la force de l’impact, la faisant perdre connaissance.

Quand elle se réveilla, son corps tout entier la brûlait. Elle était allongée sur une surface horriblement dure et entourée de plusieurs personnes s’affairant autour d’elle. Quelque chose lui recouvrait le nez et la bouche et lui envoyait de l’air frais. Ses yeux la piquaient. Une femme avec un gros blouson noir à bandes phosphorescentes la vit ouvrir les yeux et lui demanda son nom à travers un masque grisâtre qui lui cachait le nez et la bouche et qui à l’origine avait dû être blanc.
C’était la panique autour d’elle. Des gens couraient dans tous les sens, d’autres hurlaient ou encore pleuraient bruyamment, une fumée épaisse et noire faisait tousser tout le monde. Il faisait terriblement chaud et Hélène entendait des flammes crépiter non loin d’elle.
- Qu’est-ce qui se passe ? souffla-t-elle sans répondre à la femme qui se tenait toujours penchée au-dessus d’elle.
- Il y a eu une pluie de météorites, répondit la femme au blouson. Vous avez été frôlée par l’une d’elles. Vous souvenez-vous de votre nom, madame ?
- Hélène. Est-ce que c’est… grave ?
- Oui, comme vous pouvez le constater. Hélène comment ?
- Je… j’ai mal. Mon corps me brûle.
- nous allons vous donner de quoi vous soulager et vous soigner, madame. Pouvez-vous me donner votre nom de famille ?
- Sambora. Pourquoi est-ce que je ne sens plus mes jambes ?
- Apparemment, vous avez été violemment projetée par l’impact de la météorite. Nous ne savons pas encore ce qu’il en est, mais je vais être franche, il est possible que votre colonne vertébrale ait été endommagée, madame Sambora. Pouvez-vous me dire combien de doigts je vous montre ? lui demanda-t-elle en brandissant quatre doigts tendus devant ses yeux.
Mais Hélène s’était déjà rendormie, épuisée par la douleur et le manque d’oxygène, malgré le masque qui lui permettait de respirer plus facilement dans cette atmosphère lourde de fumées étouffantes.

Elle ne refit surface que quelques jours plus tard, confortablement installée dans un lit d’hôpital. Son corps ne la brûlait plus. Elle ne le sentait même plus. Cependant, elle se remit vite. Ses brûlures guérirent à une vitesse phénoménale et elle n’eut que peu de cicatrices. Elle retrouva l’usage de ses jambes après seulement quelques semaines de rééducation. Elle put rapidement retourner chez elle et reprendre une vie normale tout en essayant d’effacer ce mauvais souvenir.
Mais sa vie ne resta pas paisible bien longtemps. Quelques jours après avoir retrouvé son petit appartement, où son frère s’occupait tendrement d’elle, et pendant les deux mois qui suivirent, elle fut souvent frappée de malaises. Le médecin lui avait dit, après lui avoir fait passer quelques examens, sans résultat, que cela était probablement dû à un petit hématome dans la tête qui allait rapidement se résorber, ou quelque chose comme ça.
Mais pour elle, deux mois et rapidement n’allaient pas ensemble et, inquiète, elle décida de faire un examen complet.
Le résultat fut stupéfiant : elle était enceinte. Certes, attendre un enfant n’était pas si remarquable que cela, beaucoup de femmes l’avaient fait avant elle, mais l’être sans avoir eu de relation sérieuse depuis les trois dernières années, ça, c’était vraiment stupéfiant.
« Êtes-vous sûre ? » lui avait bêtement demandé le médecin lorsqu’elle lui avait expliqué, un peu mal à l’aise, que sa dernière aventure remontait à un peu moins de trois ans.
- Si j’avais invité quelqu’un dans mon lit je m’en serais tout de même rendu compte, je pense ! avait-elle sèchement rétorqué.
- Vous… vous ne prenez pas de drogues ? Vous ne buvez pas ? lui demanda-t-il alors en perdant un peu de sa contenance de médecin fier et intelligent.
- Non.
- Avez-vous des problèmes psychologiques ?
Elle s’était levée brutalement et penchée au-dessus du bureau pour aller coller son nez à celui du médecin.
-Regardez-moi bien, dit-elle entre ses dents. Est-ce que j’ai l’air d’une alcoolo, d’une toxico, d’une tarée ou de je ne sais quoi d’autre ? Je vous dis qu’il n’y a eu aucun homme dans ma vie depuis trois ans. Si j’en avais douté, je ne l’aurais pas dit. Vous comprenez, ça ? Je ne cherche pas à cacher une quelconque maladie pour ne pas avoir honte devant un fichu médecin. Je veux juste comprendre.
Elle inspira profondément, se rassit, et continua, radoucie :
- Il doit y avoir une erreur dans vos résultats. Serait-ce possible de faire une autre prise de sang ? demanda-t-elle le plus aimablement que sa fureur envers le médecin qui s’était presque moqué d’elle lui permettait.
Le médecin, rouge et en sueur, acquiesça silencieusement. Il prit une feuille de papier à en-tête, griffonna quelques mots dessus d’une main un peu tremblante et la lui tendit. Voilà un homme, un vrai, s’était dit Hélène en riant presque devant cet homme qui avait peur dès qu’une femme un peu en colère s’excitait sur lui.
- Si vous la faites demain matin, j’aurai les résultats après-demain. Venez me voir vendredi à 17h, si l’horaire vous convient.
- Très bien. (Elle se leva et lui tendit la main.) Merci.
- À vendredi, alors, dit-il en lui serrant la main, visiblement soulagé.

Le surlendemain, elle se rendit donc chez son médecin à 17h, une boule au ventre.
Les résultats étaient formels. Elle était bien enceinte.

c'est super !!!!!!!! elle est enceinte à cause des météorites c'est çà ????

ah ah! il faudra acheter le bouquin pour savoir!!

Allez, je suis sympa, je mets le second chapitre du premier chapitre


2

L’accouchement fut extrêmement difficile. Hélène avait décidé de garder cet enfant, même si elle ne savait pas d’où il venait, mais elle l’avait vite regretté, malgré l’amour qu’elle lui portait déjà. Sa grossesse avait été très pénible, et les deux derniers mois l’avaient horriblement épuisée. La femme qui était arrivée, hurlant, suant, dans la salle d’accouchement, n’avait plus rien de celle qui quelques mois auparavant, malgré la terrible pluie de météorites, avait de jolies rondeurs, le teint rayonnant et était tout le temps rieuse et enjouée. Elle avait beaucoup maigri, ses traits s’étaient tirés, son teint avait pâli jusqu’à devenir presque cadavérique, et elle ne riait plus. Elle n’en avait plus la force. Parler était devenu pour elle un effort et son frère et sa mère devaient se relayer pour s’occuper d’elle et la nourrir.
Maintenant, on lui demandait de pousser de toutes ses forces pour expulser cet enfant venu de nulle part hors d’elle. De toutes mes forces ? se disait-elle alors qu’elle soufflait comme un bœuf. Ou il faudra tirer dessus, ou il n’ira pas bien loin, ce môme, et je crèverai avec.
Son frère, toujours présent quand elle avait besoin de soutien, lui tenait la main et l’encourageait. De l’autre côté, une sage-femme faisait de même, mais plus absorbée par ce qui se passait entre les jambes de la jeune femme.
Finalement, le môme ne creva pas. Mais Hélène ne put en dire autant. La fatigue de la grossesse et l’accouchement terriblement difficile avaient eu raison d’elle. Noah était né orphelin.

Ce fut la famille d’Hélène qui prit tout d’abord soin de son fils. Mais rapidement, sa présence était devenue difficile à accepter au sein de cette famille. La plupart étaient des personnes peu ouvertes d’esprit et pas très enclines à accepter la différence, surtout celle de l’enfant qui avait tué, d’après eux, leur nièce, tante, sœur, fille, petite-fille chérie. Seule celui qui l’avait vu naître l’acceptait et le considérait comme membre à part entière de sa famille, de sa vie, il le considérait comme son propre fils et l’aimait profondément, malgré sa différence, son étrangeté.
Eric, le frère d’Hélène, n’avait eu aucun mal à prendre sa décision après la mort de sa sœur. Pour lui, Noah n’y était pour rien, et il désapprouvait totalement sa famille de leur rejet envers le nouveau-né, ce petit être certes différent mais qui méritait de vivre et d’être aimé, d’avoir sa chance, tout comme n’importe quel être humain. Alors qu’il tenait son neveu hurlant dans ses bras, debout à côté de sa sœur inerte que l’on recouvrait d’un drap blanc, tout était devenu clair, et il avait décidé d’adopter son neveu. Il l’avait nommé Noah, comme le désirait Hélène.
Une semaine après la douloureuse naissance, des marques étranges, ou plutôt des ombres, avaient commencé à apparaître par-ci, par-là, sur le corps du petit. Les médecins avaient tout d’abord pensé que ce n’étaient que des taches de naissance, qui s’estomperaient peut-être au cours de la croissance. Puis quand elles avaient commencé à devenir plus nombreuses, plus nettes et plus foncées, on avait craint un cancer de la peau, qui aurait entraîné une production excessive de mélanine.
Mais il n’y avait aucun cancer, ni aucune autre maladie quelconque. Au fur et à mesure que Noah grandissait, ses marques étranges se dessinaient, prenaient toujours un peu plus de place sur sa peau, et adoptaient des formes qui ne pouvaient être le fruit du hasard. Si elles avaient été l’œuvre d’un tatoueur, on aurait dit de celui-ci qu’il était un véritable artiste.
Mais pour Noah ce n’était pas de l’art. C’était une malédiction qui provoquait le dégoût de toute sa famille et éloignait tous les amis potentiels.

Lorsqu’il était entré pour la première fois à l’école, à trois ans, cela n’avait tout d’abord pas été un réel problème. Les enfants n’avaient pas encore la notion de la différence et étaient plutôt intrigués, voire parfois émerveillés.
L’entrée à l’école primaire fut plus délicate. Déjà, on commençait à avoir peur de lui, à le trouver trop étrange, trop différent. Mais quand il s’agissait de jouer, les enfants ne faisaient pas trop attention à sa particularité et l’acceptaient volontiers dans leurs jeux.
C’est plus tard que les choses commencèrent sérieusement à se dégrader. L’entrée au collège fut pour lui un supplice, qui dura quatre ans. C’est à cette époque qu’il commença à se poser des questions sur l’origine et la signification de ces marques qui lui recouvraient maintenant presque entièrement le corps. Certaines faisaient même une timide apparition sur son visage, qui avait jusque-là été épargné. Les regards se faisaient de plus en plus pesants et les moqueries de plus en plus blessantes. Les personnes qui osaient s’approcher avec seulement l’intention de devenir ses amis se raréfiaient. On peut même dire qu’il n’y en avait pas. Il restait désespérément seul, et la seule personne qui s’intéressait à lui sans l’intention de se moquer était son oncle, qu’il considérait comme son père, comme son unique famille et son unique ami. Heureusement leurs relations étaient excellentes, ils s’entendaient à merveille et parlaient de tout. Sauf de sa profonde solitude. Eric savait que ses relations avec ses camarades étaient très difficiles, mais s’il avait su que Noah était à ce point rejeté, il aurait eu trop de peine. Il savait ce que cet enfant valait car il le connaissait comme s’il l’avait fait, et il n’aurait jamais pu comprendre comment les autres auraient pu être à ce point aveugles. Alors Noah ne le lui disait pas, pour ne pas le décevoir, et un peu par égoïsme. Voir la seule personne qui l’aimait heureuse le rendait lui-même heureux, et il ne voulait pas souffrir de la tristesse de son père et meilleur ami.

Passionnant cet accouchement du troisième type ! Tu es impitoyable avec la mère là, Mariounette : Crevée comme un vulgaire pneu !

Très intriguant tout ça !!!

A quand dans nos librairies ?

bon bon ...ce n,ai pas mon genre de livre... mais tu écrit très bien on s'y croie, on resent de la peine pour noah... a quand la suite....

un conseil... n'abandonne pas ...tu est sur la bonne voie:)

je suis heureuse que ça vous plaise, si vous saviez comme j'aime qu'on me complimente sur ce que j'écris!
la suite, baaaah elle est en cours d'écriture, là j'en suis au cinquième chapitre du second chapitre
à quand en librairie... heuuu déjà on va le finir, ensuite si quelqu'un connait un éditeur...

bisous bisous

si vous voulez je mettrai le troisième chapitre du premier chapitre

bin quel question ....bin sur que l'on veux la suite

La suite ! La suite !

bon.... faut que je réfléchisse... allez, d'accord, c'est bien parce je vous aime bien, hein!


3

Noah avait un peu plus de treize ans lorsqu’il commença à faire des recherches sur ces marques. Evidemment, il ne savait par où commencer. Jamais un cas tel que le sien n’avait été recensé et cela le faisait se sentir d’autant plus seul.
La première personne à qui il posa des questions fut tout naturellement son oncle. Il lui avait déjà souvent parlé de sa mère, de ce qu’elle faisait, de comment elle était, mais il ne lui avait jamais parlé de son vrai père. Oui, il avait bien un père ! Pourquoi n’était-il pas là ? Qui était-il ? Où était-il ? Eric avait toujours éludé les interrogations de l’enfant en lui disant que maintenant il avait un père, qui l’aimait, et que c’était le plus important. Certes, Eric était son père, et le serait à jamais. Mais cela ne répondait pas à ses questions, et il avait le sentiment que la réponse se trouvait du côté de son géniteur. Il insista donc et finit par obtenir quelques éléments, qui ne lui apportèrent cependant pas la moindre satisfaction. La seule conclusion qu’il pût en tirer, après avoir tourné et retourné mille fois cette histoire proche de l’immaculée conception dans sa tête, fut que sa mère était probablement psychologiquement dérangée, ou alors qu’elle avait eu honte de l’homme avec lequel elle avait conçu son fils. Ou peut-être avait-elle été violée ! pensa un jour Noah dans un élan de panique.
- Non ! s’était écrié Eric en riant presque, même si cette possible explication n’était absolument pas drôle. Nous étions très proches, avec ta mère, et je la connaissais mieux que personne. Elle m’en aurait parlé. Forcément. Et même si elle ne l’avait pas fait, j’aurais remarqué que quelque chose n’allait pas, et qu’elle nous cachait la vérité. Or, elle avait l’air très bien, hormis qu’elle ne comprenait absolument pas comment elle avait pu tomber enceinte, et sa réaction quand elle a appris ton existence a été trop spontanée, trop vive pour ne pas être sincère. Elle était bouleversée, incrédule, mais en même temps folle de joie. Même si elle ne comprenait pas ce qu’il lui arrivait, ta venue la remplissait de bonheur. C’était très étrange. À vrai dire, jusqu’à ce qu’elle s’affaiblisse, je crois que je ne l’avais jamais vue aussi heureuse, aussi resplendissante.
L’idée que sa mère avait été heureuse de sa venue lui fit un bien fou. Eric lui avait déjà dit combien Hélène l’avait désiré, attendu, mais il ne se lassait jamais de l’entendre, encore et encore…
Mais cela ne répondait pas à la question de ses origines paternelles. Eric finit par en avoir assez de ses questions continuelles sur son père.
- Bon, lâcha-t-il enfin. Je n’en sais pas plus que toi. Je sais seulement que ta mère a survécu à une pluie de météorites, que les deux mois suivants elle a été prise de malaises et que finalement elle a découvert qu’elle était enceinte de toi.
- Quoi ? s’écria Noah, interloqué. Une pluie de météorites ?
- Ben oui, dit Eric en haussant les épaules. Tu le savais.
- Non ! répondit Noah. Tu ne me l’avais jamais dit.
- Vraiment ?
Il réfléchit un instant.
- De toute façon, ça n’a aucune importance. Ce ne sont pas des météorites qui vont faire qu’une femme attende un enfant.
Malgré le fait que cela parut évident, Noah commença tout de même à avoir un doute. Et si, justement, ça avait quelque chose à voir avec ma naissance ? se disait-il. Mais tout cela n’avait aucun sens. Eric avait raison. Une pluie de météorites ne pouvait pas provoquer la grossesse d’une femme. Mais tout de même… cette histoire était étrange. Toutes ces questions qui lui emplissaient sans cesse l’esprit lui faisaient passer de nombreuses nuits blanches et agitées.
Un soir, alors qu’il cherchait au fond de lui, encore et encore, des réponses, il passa plus d’une heure à se contempler, nu, dans le miroir de la salle de bain. Ces marques avaient pour lui, sans savoir pourquoi ni comment, une signification. Il les comprenait sans vraiment les comprendre, comme on sait qu’en sautant on retombera toujours mais sans vraiment comprendre les mécanismes qui se cachent derrière tout ça, il les comprenait sans pouvoir les déchiffrer. Il savait que ces marques signifiaient quelque chose, mais il lui manquait juste des mots, des images pour les traduire à son esprit. Tout cela était en lui, mais si profondément enfoui que tenter de creuser seul était inutile. Il lui fallait de l’aide, des indices. Mais où les trouver ? Sa mère était morte et son père, apparemment inexistant. Le saint-esprit.
Il était le seul à savoir que ces dessins avaient un sens, mais il ne le connaissait pas. Il les avait étudiés un à un, minutieusement, avait même redessiné ceux qu’il pouvait vois clairement sur papier, et avait tenté de les comparer avec tous les signes, symboles, dessins et alphabets qu’il pouvait trouver. Il avait même cherché dans les écritures anciennes, les hiéroglyphes, les runes, mais rien ne s’en approchait. Il y avait certaines ressemblances, parfois, mais qui étaient plutôt le fruit du hasard ; elles n’apportaient rien de bien concret qui eût pu établir un rapport réel avec ces marques.
De plus, celles-ci n’étaient pas terminées. Elles se modifiaient sans cesse, évoluaient, grandissaient avec lui, devenaient plus claires, plus nettes, plus détaillées. De nouvelles, même, apparaissaient encore. Une seule chose ne changeait pas : la couleur. Elles étaient d’une seule couleur, qui n’évoluait pas, sauf quand elle devenait plus foncée à mesure que les marques approchaient de leur forme définitive. Elles étaient noires, mais un noir vieilli, presque gris foncé, comme les tatouages que les vieux marins ont fait dans leur jeunesse et dont la couleur est un peu passée avec le temps, comme si la peau avait vraiment incorporé la couleur comme étant sa teinte naturelle.
Celles qui venaient d’apparaître sur son visage n’étaient encore que des ombres d’elles-mêmes, gris pâle et très floues. Mais elles évoluaient rapidement et avaient vite pris une teinte plus foncée.
Quand il avait commencé à s’intéresser à ses origines, une nouvelle marque était aussi apparue à l’intérieur de sa paume gauche. Celle-ci avait été très douloureuse, comme s’il avait fallu la tatouer, alors que toutes les autres ne lui avaient jamais causé plus que de légères démangeaisons. Elle ressemblait vaguement à un oiseau en train de voler, ailes déployées, devant un soleil sans éclat. Elle le faisait souffrir à chaque fois qu’il recommençait à soulever des questions en rapport avec ce qui était devenu pour lui un lourd handicap. Lorsqu’il n’y pensait pas, c’était une marque comme les autres, si l’on oublie le fait qu’il n’en avait aucune autre à l’intérieur des mains ou sous les pieds.
Ce fut également à cette époque que des choses étranges avaient commencé à lui arriver - même s’il s’était déjà produit des phénomènes bizarres en sa présence lorsqu’il était plus petit, ce n’était pas aussi gros ni aussi fréquent que maintenant. Il lui arrivait parfois de deviner les pensées de ses interlocuteurs et d’entendre avec quelques secondes d’avance ce qu’on allait lui dire. Souvent, il se réveillait la nuit et se rendait compte qu’il n’était plus dans son lit, mais soit affalé dans un fauteuil du salon, soit assis sur une chaise de la cuisine, la tête enfouie entre ses bras posés sur la table, soit allongé à même le sol, ou même, un jour, au pied du lit de son oncle. Il se disant qu’il était probablement somnambule, mais se demandait ce qui pouvait le pousser à aller dormir dans des endroits aussi incongrus et surtout inconfortables.
Le pire était quand ces choses étranges lui arrivaient à l’école ou en public. Il avait déjà du mal à établir le contact avec ses camarades et tout le monde le regardait déjà en biais à cause de ses marques, et quand il faisait ou quand il lui arrivait des choses incompréhensibles pour les autres, c’était encore pire. Un jour, par exemple, alors qu’il était en train de s’ennuyer en cours de mathématiques et qu’il tentait tant bien que mal de faire passer le temps en tripotant ses stylos, l’un d’entre eux avait soudainement pris son indépendance et filé droit vers son professeur pour aller se planter dans le tableau noir, juste derrière l’homme à lunettes complètement terrorisé. Bien sûr, tout le monde avait pris cela pour une attaque volontaire et il avait écopé de plusieurs heures de retenue et d’un bon sermon, tout cela en évitant de justesse une exclusion, grâce à son bon comportement habituel. Allez expliquer à des adultes forgés pas un monde qui ne croit qu’en des explications scientifiques que votre stylo a agresse votre professeur par sa propre volonté !
Une autre fois, encore, la chasse d’eau des toilettes dans lesquelles se trouvait justement l’un de ses camarades qui venait de le ridiculiser en classe avait explosé juste lorsqu’il était passé à côté. Il aurait pris cela pour un simple – et heureux – hasard si le contexte avait été différent et si ce n’était qu’un fait isolé. Mais beaucoup d’autres choses de ce genre – pour la plupart moins graves, heureusement – étaient déjà arrivées et arrivaient régulièrement, au moins une fois par semaine quand c’était calme.

La recherche de ses origines devint rapidement son seul but. Il ne pouvait penser à autre chose et cela lui permettait d’oublier sa solitude. Des dizaines de livres sur toutes sortes de sujets, allant des maladies orphelines aux interprétations ésotériques d’écritures anciennes et mystiques étaient devenus ses compagnons lors de son temps libre. Il allait à l’école mais n’y était pas réellement présent ; il rêvassait toute la journée et voyageait dans des mondes peuplés de marques étranges et dansantes, de pluies de météorites, d’entités divines et de phénomènes étranges. Il retournait toutes les explications possibles dans sa tête, des plus scientifiques et terre-à-terre aux plus invraisemblables et farfelues.
Mais il ne disposait toujours que de suppositions. Après plus d’une année de recherches obstinées, aucun indice valable n’était encore venu à lui. Mais il ne désespérait pas. Les marques sur son visage avaient maintenant pour la plupart presque atteint leur maturité et il ne pouvait plus passer devant un miroir sans faire une grimace. Il fallait qu’il trouve un moyen de les faire disparaître, et pour cela il devait trouver la raison, la cause de leur présence.
Un jour, il décida de tenter la chirurgie. Pour commencer, il choisit une petite marque la plupart du temps cachée par ses vêtements. Eric lui déconseilla fortement d’avoir recours à ce procédé, mais Noah était décidé à tout tenter.
Il subit une séance de laser. Quand il sortit de la clinique, la marque avait disparu et laissé place à une tâche rouge, brûlante, mais qui se dissipa en quelques jours. Il était euphorique. Eric était lui aussi quelque peu soulagé. Peut-être tout cela allait-il finalement s’arranger. Les rendez-vous furent pris pour continuer l’effacement des marques peu à peu. Mais quelques jours avant sa seconde intervention, Noah vit ses espoirs tomber en poussière.
Quand la rougeur qui avait remplacé la première marque effacée s’était complètement dissipée, une ombre commença à réapparaître et en quelques jours le petit symbole était revenu à la même forme qu’avant l’intervention. Cette réapparition le fit horriblement souffrir, autant physiquement que moralement. Pendant une semaine, il eut l’impression qu’on lui enfonçait constamment des aiguilles jusqu’à l’os, et il resta cloué au lit avec une fièvre de cheval. Les douleurs et la fièvre se calmèrent quand le dessin fut totalement revenu à la normale.
Il était désespéré. Rien ne pouvait donc l’aider, pas même les moyens les plus extrêmes tels que la chirurgie ! Il avait maintenant quatorze ans et se voyait déjà finir sa vie seul, rejeté, triste. À trente ans, il serait un pauvre type dépressif, à quarante, suicidaire, et à soixante ans, s’il avait survécu à ses envies de mort, il serait devenu un vieil ermite grincheux qui aurait pour seule compagnie sa télévision et un vieux chien édenté perdant ses poils, aussi laid que lui. Lui qui avait toujours voulu faire de grandes choses dans sa vie, il voyait ses espérances tomber à l’eau à cause de ces maudites marques qui lui gâchaient la vie. Connaîtrait-il un jour l’amour ? Il n’avait déjà aucun ami, alors comment une fille pourrait vouloir l’approcher ? Cette idée le mina encore plus : il avait presque quinze ans, l’âge des premières amours, l’âge où l’on fait ses premiers pas dans la vie adulte. Malgré tout, il était un adolescent comme les autres, et tout comme les autres, il commençait sérieusement à s’intéresser au sexe opposé. Mais contrairement aux autres, il savait qu’il ne connaîtrait jamais l’amour, sa différence le lui interdisait, et cela lui causait une frustration et une tristesse immenses. Sa nature même le privait de tout ce que la nature le faisait désirer. N’était-ce pas cruellement paradoxal ?


voilou

Ouais, Ouais...; il grandis vite ton petit Noah ! Apparemment le principal de l' action se situerait au delà de l' enfance !
A propos, j' en connais plus d' un qui aimerait avoir le pouvoir de trucider un de ses profs avec un simple stylo !!!

c'est bien ... superman... on veux la suite...

Bravo Mariou !!! C'est captivant

Bises

vulcun83 a écrit:

Ouais, Ouais...; il grandis vite ton petit Noah ! Apparemment le principal de l' action se situerait au delà de l' enfance !
A propos, j' en connais plus d' un qui aimerait avoir le pouvoir de trucider un de ses profs avec un simple stylo !!!

oui, moi par exemple
et oui, il grandit vite, c'est pas l'enfance le plus important

merci encore pour vos compliments

J’aime beaucoup !

Pauvre Noah, si seul…

hé hé, ça va pas durer

on veux la suite....

Ouiiiiiiiiiiii ! La suiiiiiiiiite STP !
Sinon c' est pas deux mais c' est un troupeau de mille éléphants qui va débarquer dans la Forêt Celtique !!!
Attention aux dégats dans les branches ! :shaking: :shaking:


LOL ( Je plaisante bien sûr ! )
N' empêche ; sont quand même bien mignons tes petits néléphants roses sur ton forum Mariou !

voui mais si jamais je le fais éditer un jour ça me fera moins d'acheteurs si vous connaissaez déjà la suite, alors j'hésite...

non moi quand j,aime j'achète et le relit.. alors pas de souci...

booon booon d'accord...

4

Ce fut un jour pluvieux d’avril que des événements lui apportèrent un premier élément de compréhension. Alors qu’il feuilletait frénétiquement ce qui lui paraissait être son millième livre sur des phénomènes paranormaux en tous genres, et qu’il commençait à désespérer face à toutes ces idioties inventées par des illuminés en quête d’une mince fortune – les livres un tant soit peu crédibles sur le sujet étaient extrêmement rares –, il ressentit l’envie soudaine et irrépressible de voir toutes ces pages emplies d’aberrations, tous ces ouvrages qui refusaient de lui livrer le moindre indice, tomber en morceaux et s’éparpiller dans toute l’immense salle de la bibliothèque comme des confettis emportés par un tourbillon. Il sentit alors une douleur dans le bras droit et une autre en haut de la cuisse du même côté, et comme si son désir devenait réalité, une seconde plus tard une grande partie des livres de la bibliothèque, dont celui qu’il avait sous les yeux, se retrouvèrent déchiquetés pas une force invisible et leurs restes voletaient un peu partout dans la grands salle, au-dessus des lecteurs pris de panique.
Noah resta interdit quelques secondes mais la douleur le ramena vite à la réalité. Il retroussa sa manche et tira discrètement sur sa ceinture pour voir le haut de sa cuisse. Aux endroits douloureux, les symboles avaient pris une teinte violacée et semblaient palpiter, comme si elles avaient attendu avec impatience ce moment où on leur donnerait enfin l’occasion de se réveiller.
Ne sachant que penser, Noah s’éclipsa à travers le désordre et le brouhaha et courut jusque chez lui sous la pluie encore glacée malgré l’époque, et alla directement s’enfermer dans la salle de bains.
Son cerveau n’était plus qu’une grosse masse brûlante. Il réfléchissait à toute vitesse mais avait l’impression de ne plus arriver à penser. Il ne savait plus où il en était. Tout allait trop vite, rien ne se mettait en ordre. Il respira un grand coup pour tenter de se calmer. Il retira précipitamment son pantalon et son sweat et regarda les marques qu’il avait vues changer de couleur pour la première fois quelques minutes auparavant. Ses yeux passaient si vite de l’une à l’autre qu’elles finirent par se brouiller. Il ferma un instant les paupières pour repousser la sensation de vertige qui l’envahissait.
La marque sur son bras représentait une sorte d’étoile avec une petite boule au bout de chacune de ses onze branches. Elle était étroitement associée à une ligne sinueuse sans forme bien précise qui, elle, n’avait pas changé de couleur lors de l’incident de la bibliothèque, alors que Noah avait toujours cru que toutes deux formaient un seul et même dessin. Il s’était apparemment trompé. Celle de sa cuisse lui avait toujours fait penser à un puzzle miniature. Elle avait vaguement la forme d’un cercle et était morcelée en plusieurs parties par des petits traits qui allaient et venaient un peu au hasard.
Les deux petits symboles ne le faisaient presque plus souffrir et avaient retrouvé leur couleur d’origine. Noah se surprit à penser qu’elles s’étaient rendormies. Elles s’étaient éveillées quand il avait ressenti un désir intense, et s’étaient rendormies quand ce désir avait été assouvi, même si ce n’était pas ce qu’il aurait voulu. Sans vraiment vouloir se l’avouer, il savait au fond que ce qui venait de se passer à la bibliothèque lui avait plu, cela l’avait soulagé, comme on se sent soulagé après avoir hurlé sa colère et sa frustration. Il savait aussi que c’était lui qui avait fait cela, avec l’aide de ces maudites marques. Ou avec n’importe quoi en rapport avec elles.
Il était perdu. Que des choses étranges se produisent en sa présence pouvait passer. Mais l’idée que c’était lui qui les provoquait était totalement saugrenue, et pourtant si évidente, maintenant qu’il l’avait sous les yeux !
Il resta encore un moment assis sur le carrelage froid de la salle de bains, contemplant ces symboles incompréhensibles gravés en lui. Il commençait à les voir d’une autre façon. Et si ces marques le rendaient en fait plus différent des autres qu’il ne l’avais imaginé jusque là ? Et si elles étaient le signe de son appartenance à une espèce différente, à une forme de vie différente, une forme de vie qui aurait des capacités inimaginables, comme celle de faire voler en morceaux la moitié d’une bibliothèque, ou encore de faire exploser une chasse d’eau ? Etait-ce lui qui avait provoqué tout cela, et si oui, combien de possibilités avait-il encore en réserve ?
Il secoua vigoureusement la tête, comme pour se rappeler à lui-même que tout cela était ridicule. Ne sois pas idiot, se dit-il. C’est impossible. On ne peut pas faire exploser ou même juste bouger des choses, comme ça, rien qu’en y pensant. Pourtant… Non ! résolut-il en se levant d’un bond et en sortant de ses réflexions. Il fila dans la cuisine en tentant de chasser toutes ces idées de sa tête et dévora l’équivalent de trois repas en un seul, sous l’œil surpris de son oncle et père.

Sa nuit fut peuplée de serpents difformes, d’étoiles étranges et d’oiseaux ondulant au milieu de nuages carnivores. Il se réveilla plusieurs fois, trempé de sueur et le cœur cognant furieusement dans sa poitrine. Tout cela l’affectait plus qu’il ne l’aurait voulu. Il avait enfin mis le doigt sur quelque chose après tant de temps et d’énergie passés dans ses recherches, et finalement il aurait presque préféré ne rien savoir. Peut-être regrettait-il, même.

Merci Mariounette !
Avec un tel pouvoir sur les objets, je sens que ça valser par la suite !
Noha, rassure moi please ! Casse tous le matos que tu veux mais pas les gens, hein ? Moi je suis contre la bombe atomique ! :face:

J'adore vraiment !!!!!!

RRAAAA ca fait du bien...merci pour la suite