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 HISTOIRE DE COULOUMER ET DE GUILCHAND

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MessageSujet: HISTOIRE DE COULOUMER ET DE GUILCHAND   HISTOIRE DE COULOUMER ET DE GUILCHAND Empty8/9/2004, 19:21

HISTOIRE DE COULOUMER ET DE GUILCHAND

A un temps déjà loin de nous, mais qui fut du vivant de mon grand-père, les cornicanets

(korrigans) se montraient souvent dans la vallée de Goël. Jamais, de mémoire d’homme, on ne les avait vu se livrer avec tant de fureur à la danse : on croit qu’il y avait de grands sujets de réjouissance dans leur nation ; mais on a jamais pu en pénétrer la cause. Leur apparition était connue de tout le voisinnage, et, une fois le soleil couché on se gardait bien d’approcher leur retraite. Un soir, cependant, un journalier et sa femme, venant de Coatmeur, passèrent à côté des grandes pierres pour aller à Melgven. Ils furent effrayés à la vue d’un essaim de petits hommes noirs, à voix rauque, qui dansaient, qui dansaient à grand branle dans l’ombre.

Connaissant déjà les histoires, ils se crurent perdus ; mais ils ne furent pas même arrêtés.

Le journalier portait en sa main une sauvegarde dont il ignorait la vertu ; elle lui fut bientôt révélée par les paroles suivantes, chantées en cœur pour continuer la danse :

Lez-hi, lez-on,

Bas en arer zô gant hon :

Lez-hon, lez-hi

Bas en arer zô gant hi.


Laisse-le, laisse-la ; laisse-la, laisse-le :

- ils portent le bâton de la charrue.



Ces mots furent un heureux avertissement pour toute la contrée ; car, depuis ce jour, en se munissant du bâton à petite fourche qui sert à nettoyer la charrue, on n’eut plus rien à craindre de ces malicieux démons.
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On s’accoutuma à ces danses nocturnes : à l’aide du bâton privilégié, on pouvait les contempler sans péril ; et bientôt, au lieu d’un épouvantail, on n’y vit plus qu’un jeu d’enfants dont on commençait à rire. Deux tailleurs, Coloumer de Navatharz et Guilchand de Kerenmerc’het, s’enhardissant plus que tous les autres, firent une gageure à qui des deux irait le premier se mêler aux danses des cornicanets : le sort échue d’abord à Coulomer, qui accepta joyeusement la partie. C’était un petit homme, bossu et contrefait ; mais un malin, s’il en fut, un demi-sorcier du pays, entendant, dit-on, le langage des chiens, des chats et des oiseaux, et parlant avec eux dans leur langue : il est vrai qu’il imitait souvent leurs cris à s’y méprendre. Du reste, c’était un homme gai, spirituel, n’ayant peur de rien, se moquant de tout,ur paut huit, un petit bandit ! Il s’équipe à la hâte, prend son juppen de fête, ses souliers de pardon, et le voilà qui s’avance gaillardement, comme un homme invité à un festin. La danse était commencée ; il arrive, et s’introduit sans façon dans les rangs ouverts pour les recevoir :

" Bonsoir, mes bons amis, dit-il en arrondissant son dos, déjà passablement arrondi. Un peu de musique, s’il vous plaît, et faites danser le bossu Couloumer, qui vient agiter sa bosse au milieu de vous. –Mat ! mat ! c’est bien ! c’est bien ! s’écria-t-on. Vive ce petit homme de la joie ! " - Aussitôt le cercle s’agite, et les évolutions commencent. – Di-lun, di-meurz, di -merc’her, entonnèrent de toute part des voix rauques et sauvages, et en même temps la chaîne vivante se déroula de trois pas sur la droite : di-lun, di- meurz, di-merc’her, reprit-on avec force, et la chaîne reflua sur la gauche avec la même rapidité. Malgré la bonne volonté et l’humeur joyeuse de tout le cercle, un refrain si court, le flux et le reflux de quelques pas toujours uniformes, avaient une monotonie accablante. – " Avec votre permission, mes braves amis, s’écria Couloumer, dégourdissons nous davantage : voulez-vous que j’ajoute à la chanson ? – Oui, oui ! ajoutez à la chanson, et dégourdissons-nous davantage ! " - Alors Couloumer, reprenant le ton avec un accent musical très sonore, ajouta deux mots en s’écriant : Di-lun, di-meurz, di-merc’her, di-riaou a dirguënner ! – Cette augmentation de mesure agrandit le mouvement et la joie, et la danse devint bien plus animée, bien plus sautillante. Les cornicanets en raffolaient de plaisir : ils sautaient, ils s’évertuaient de toutes leurs forces, et bénissaient l’heureuse invention du bossu Couloumer.Celui-ci, un peu fatigué de tant d’agitation, et empressé peut-être d’arriver au dénouement de l’aventure, adresse ces mots à la joyeuse assemblée :

- " Mes braves compagnons de danse, la fête la plus belle doit, comme toute les autres, avoir sa fin : avec votre permission, votre serviteur va donc quitter vos amusements et se retirer.- Quand il lui plaira, s’écria-t-on ; quand il lui plaira : c’est dommage, pourtant, de s’arrêter en si beau chemin ! "- Aussitôt, la chaîne se rompt avec une agilité surprenante, et Couloumer est environné de toute parts. Son cœur s’agita peut-être d’un secret effroi, au milieu de ces petits flots noirs bouillonnants autour de lui ; mais il fut bientôt rassuré. Les anciens de la nation avaient délibérés à l’écart, et tous, par acclamation, avaient votés des remerciements et une récompense au joyeux tailleur : -" Que veux-tu recevoir de nous, lui demandèrent-ils ? Beauté, plaisirs, richesses, tout est à ton choix : tes vœux seront accomplis dans l’heure ! – Eh bien ! mes hôtes, mes bienfaiteurs, dégagez-moi de ce vilain fardeau que ma mère a jeté sur mes épaules : j’en danserai encore bien mieux à l’avenir ! – C’est bien ! c’est bien ! laisse faire ! " - Aussitôt on le saisit, on le fait pirouetter dans les airs : ses bras, ses jambes se développent comme les ailes d’un moulin à vent ; il descend, il remonte, ballotté de main en main, roulé dans un sens, déroulé dans l’autre. Enfin, le voilà sur ses pieds, étourdi, essoufflé, chancelant, ivre de mouvement : … mais plus de bosse, plus d’imperfection dans la taille : tout avait disparu par enchantement. Couloumer n’était plus reconnaissable ; ce n’était plus le même homme : rien de plus élégant, de plus gracieuxque notre petit tailleur, refait à neuf par la main toute puissante des sorciers. Son juppen fronçait un peu sur le dos qui s’était dérobé sous lui ; mais Couloumer a des ciseaux et une aiguille : le peu qui lui reste à faire, il saura bien le finir lui même pour dimanche ; et, dimanche, on le verra de toute sa gloire à la grand’ messe de Kernével !
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Ce fut une grande surprise quand il vint à paraître si preste, si droit, si dégagé, si bien allant !…- On fut bien longtemps à démêler en lui quelques traces de l’ancien Couloumer ; Oh ! quel étonnement s’empara de tout le canton ! Avant la fin du jour la moitié de la paroisse avait vu la métamorphose, et criait au miracle ! …
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Le tour de Guilchand était venu. Un bel encouragement stimulait son ambition, comme vous voyez : le voilà donc de partir pou les aventures, rêvant déjà des monts d’or, une maison plus belle et plus grande que l’église de sa paroisse, de merveilleux talismans pour les luttes. – Si ce petit bossu a été si bien traité, se disait-il, que n’ai je pas droit d’attendre, qui n’ai rien à réformer en ma personne ? Qu’ils m’offrent les richesses, c’est mon fait à moi, et aussitôt je plante là ce misérable métier de tailleur, sujet à tant de plaisanteries et de dédains. – Il s’avance occupé de ces riantes pensées, et le voilà au milieu de la danse. Ce n’était plus le caractère sémillant et folâtre du petit Couloumer ; Guilchand se présenta sombre et taciturne, comme un homme attaché à la suite d’un enterrement. Ses hôtes joyeux effacèrent un peu cette tristesse par leur gaieté bruyante et désordonnée ; ils s’emparèrent de ses grandes mains, et traînant de droite et de gauche ce cadavre vivant, les voilà de l’amuser un peu plus que de bon gré. Cependant échauffé, aiguillonné par leurs agaceries, il s’enhardit peu à peu et se hasarde à suivre ses inspirations : ainsi que Couloumer, il voulut allonger de deux mesures la cadence musicale, et reprenant le refrain où l’avait laissé son confrère, il y ajouta d’un ton passablement nasillard et désagréable ces deux mots – Di-sadren a di-sul. (Samedi et dimanche). A l’instant explosion bruyante, trépignement général dans le cercle. – L’effet est produit, se dit Guilchand : courage ! – Di-sarden a di-sul, répéta-t-il avec confiance en déployant ses grands bras, en agitant ses jambes pesantes. – Oh ! hi ! – Oh ! ha ! s’écria-t-on avec un accent formidable. – di-sadren a di-sul- reprit encore le chanteur. – Oh ! hi ! – Oh ! ha ! – Di-sadren a di-sul. – Alors l’agitation et le tumulte croissant toujours en proportion des efforts de Guilchand, les cris ne furent qu’un râle rauque et étouffé. – La chaîne dansante se brise brusquement. – Le grand tailleur est enveloppé de toutes parts. – Que désirez-vous, lui demande -t- on, en retour d’une si belle musique ? Beauté, force, richesses, que voulez-vous ? – Peu de chose, mes bons seigneurs, force et beauté, j’ai tout cela : mais le trésor de Couloumer vous a laissé, lui, voilà ce que je demande, voilà mon affaire à moi ! – Point de refus, point de refus : Approchez ! – à l’instant, on vous le lance dans l’air avec force ; il tombe, il rebondit, renvoyé de l’un à l’autre comme une balle ; il voltige, il tourne avec la rapidité d’un fuseau qui se couvre de fil. Pauvre Guilchand ! quand ses deux pieds retrouvèrent la terre, il sentit sur ses épaules une lourde masse, mais cette masse n’était point un mont d’or en vérité !
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On a cru savoir pourquoi les cornicanets l’avaient traité avec tant de rigueur. Il paraît que ces malins petits démons sont condamnés par une puissance inconnue à une longue pénitence. Un mot de plus de la bouche de Guilchand, - et ce mot était tout prés d’en sortir, - allait y mettre fin pour toujours. En ajoutant à la chanson de Couloumer, di-sadren a di-sul, il aurait dû ajouter de suite : chetu echu ar zun, et voilà la semaine terminée ! – Une grande vertu a été attachée à se peu de paroles. Un autre a été plus heureux que Guilchand ; il a proféré ces derniers mots, par hasard sans doute, mais aussitôt la danse infernale cessa tout court ; et depuis ce temps-là les coricanets n’ont point été vus dans la vallée de Goêl
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Tiré du livres contes et légendes bretonne
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Soledad
Grande Druidesse
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Date d'inscription : 30/09/2004

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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE COULOUMER ET DE GUILCHAND   HISTOIRE DE COULOUMER ET DE GUILCHAND Empty31/10/2004, 22:40

je connaissai deja cette histoire mais ca me fait toujours plaisir de la relire

merci celle !
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